Session du 16 Mars 2025
À la recherche de l’Abri
Les rumeurs couraient dans Princeton comme une traînée de poudre. Un abri aurait été découvert, un vestige du passé intact, regorgeant peut-être de ressources précieuses. Pour une ville en perpétuelle lutte contre la faim, le froid et les pillards, c’était une opportunité qui ne pouvait être ignorée.
Sasha, l’ombre de métal, assassin cyborg aussi discrète que létale, ne pouvait passer à côté d’une occasion pareille. Evelyn, ingénieuse et explosive au sens propre comme au figuré, sentait déjà ses doigts picoter à l’idée des portes blindées et des pièges éventuels à désamorcer. Père Caleb, Salbek médecin au cœur lourd d’empathie, savait qu’un tel lieu pourrait sauver bien des vies. Quant à Nolan, l’Adrulen hippie, il voyait là un moyen de s’armer davantage, d’avoir un meilleur pied dans ce monde où les armes avaient souvent plus de poids que les mots.
Avant leur départ, chacun se préparait à sa manière. Caleb, fidèle à sa prudence, se procura une dose de poison Rêvoilé, une substance aussi discrète qu’efficace. Sasha, méthodique, fit le plein de fioles et de divers ingrédients. Evelyn, insouciante ou simplement avide de bon temps, s’offrit un dernier verre. Nolan, quant à lui, trouva son plaisir dans les bras de la barmaid Adrulen, concluant la soirée sur une note plus charnelle.
Sur la route, la tempête
La route jusqu’à l’abri n’était pas une promenade de santé. À l’aube, alors que les premières lueurs grises filtraient à travers un ciel pollué, le groupe tomba sur une scène de désolation : un robot errant, marqué par l’usure du temps, cerné par cinq raiders affamés qui tentaient de le désosser.
Evelyn, révoltée par la scène, fut la première à hausser le ton. Son regard lançait des éclairs tandis qu’elle défiait les raiders. Le conflit semblait inévitable, mais Père Caleb s’interposa, sa voix calme contrastant avec la tension ambiante. Il entama la discussion, et bientôt, il apparut clairement que ces pillards n’étaient pas là par plaisir : ils cherchaient simplement de quoi survivre. En échange de quelques rations de conserve, ils acceptèrent de repartir, laissant derrière eux un silence empreint d’incertitude.
Evelyn se pencha sur le robot, examinant ses circuits endommagés sous la lueur blafarde de son projecteur. Après quelques minutes de bidouillage, elle parvint à le réinitialiser. La machine, encore vacillante, émit un son électronique indistinct, mais semblait de nouveau fonctionnelle.
La nuit tomba. Un feu de fortune fut allumé, projetant des ombres tremblotantes sur les murs décrépis du bâtiment où ils s’étaient abrités. Nolan monta la garde, scrutant l’horizon d’un regard distrait… jusqu’à ce qu’un mouvement attire son attention.
Un arbre noirâtre, tordu, presque liquide dans sa forme mouvante, rampait lentement vers eux, exsudant une odeur de bois brûlé et de mort. Instinctivement, Nolan arma son fusil et réveilla ses compagnons. L’affrontement fut brutal. Nolan ouvrit les hostilités d’une balle en pleine tête, arrachant des éclats d’écorce visqueuse, tandis que Sasha, ayant contourné la créature, incanta dans un murmure une série de malédictions qui flétrirent l’horreur de l’intérieur. L’arbre se débattit dans une convulsion grotesque avant de s’effondrer dans un craquement sinistre.
Père Caleb s’approcha du cadavre végétal avec précaution. D’un geste précis, il récupéra le poison suintant de son tronc, un ingrédient qu’il comptait bien utiliser à bon escient.
Vers la grande ville
Au matin, le groupe atteignit le carrefour commercial d’Edison. L’endroit grouillait d’âmes errantes en quête de troc, mais aucune information utile sur l’abri ne leur parvint. Le soir venu, ils trouvèrent une caravane en direction de New York et embarquèrent avec elle.
L’aube new-yorkaise révéla un paysage moribond : des gratte-ciels éventrés, rongés par le temps et le chaos, des routes fracturées comme des cicatrices ouvertes. Ils poursuivirent vers Long Island, mais leur robot, sans prévenir, se mit à buguer. Evelyn grogna, tâcha de comprendre le problème, puis, exaspérée, finit par le désactiver temporairement.
Avant d’atteindre le pont menant à Long Island, ils tombèrent sur une vision surréaliste : un vieillard installé sur un rocking-chair, une pipe fumante à la bouche, observant l’horizon avec l’air de celui qui n’a plus rien à craindre.
Douglas, c’était son nom, se révéla être un marchand atypique, vendant tout ce qui touchait à ses cochons. De la viande, bien sûr, mais aussi d’autres services plus… étranges. Le vieil homme avait un regard difficile à cerner, quelque chose d’à la fois paisible et dérangeant.
Après avoir échangé quelques mots avec lui, ils poursuivirent leur route et atteignirent enfin leur destination.
L’Abri et le massacre
L’abri n’était pas vide.
Dans les sous-sols d’un ancien centre commercial, une vingtaine de personnes attendaient, silencieuses, tendues. Chacun savait que la clé de l’abri finirait par arriver… et qu’à ce moment précis, le sang coulerait.
Les vautours, une faction redoutable, étaient là aussi, murmurant entre eux, jaugeant leurs adversaires d’un regard prédateur.
Le groupe écouta, glana des informations. La clé n’était pas encore là, mais elle ne tarderait plus.
Alors, ils décidèrent de prendre les devants.
Sous l’impulsion de Sasha, ils injectèrent le poison récolté dans le système d’eau du réseau anti-incendie. Puis, une fois à l’abri, ils déclenchèrent l’alarme.
Des cris. Une cacophonie d’agonie monta du sous-sol, des corps s’effondrèrent sous l’effet du poison de l’arbre, leurs forces s’évaporant comme des cendres emportées par le vent.
Quand le silence revint, ils descendirent dans l’enfer qu’ils avaient eux-mêmes orchestré. Le sol était jonché de cadavres. L’odeur âcre de la mort emplissait l’espace.
Un bruit.
Sasha, plus rapide que l’éclair, traqua la source et tomba sur un nouveau venu. Il n’eut même pas le temps de supplier : une lame jaillit, un souffle s’échappa, et le silence retomba.
La clé était entre leurs mains.
Ils avancèrent vers l’entrée de l’abri et insérèrent la clé dans la console.
Un claquement résonna.
La porte s’ouvrit, révélant un couloir immaculé, préservé du chaos extérieur. Mais à peine eurent-ils franchi le seuil que la porte se referma derrière eux.
Un haut-parleur grésilla.
Une voix robotique, dénuée d’émotion, déclara :
“Bienvenue dans l’Abri de la Survie.”