La pègre de Paris

L’installation battait son plein pour Spike, Grabu, Ro’shy et Ida. Loin de là, Pash’tarrot subissait un tout autre sort.

Arraché à son sommeil brisé, il fut traîné hors de sa cellule exiguë par son geôlier Thog. On le conduisit dans une cabane où s’alignaient des vélos elliptiques. D’autres prisonniers pédalaient déjà, leur sueur s’imprégnant dans l’air vicié. Sans un mot, on l’installa sur l’une des machines et il comprit aussitôt : ici, on produisait de l’énergie à la force des jambes.

Les heures s’étirèrent dans une lente agonie mécanique. À chaque tentative de conversation, les gardes répondaient avec leurs matraques électriques, ponctuant le silence de crépitements menaçants.

Son unique pause de quinze minutes ne lui permit que d’avaler, ou plutôt de subir, une nouvelle portion de cette bouillie noirâtre, fade et écœurante. Puis, la cadence reprit.

À la tombée de la nuit, on le ramena à sa cellule, exténué, l’estomac noué par la faim et le dégoût. Étendu sur son matelas moisi, le regard fixé sur les plaques de tôle rouillée qui composaient son plafond, une seule pensée s’imposa : ce ne pouvait pas être son avenir.

Alors, quand son geôlier reparut, Pash’tarrot fit semblant de dormir. Il attendit le moment propice, puis se jeta sur lui, enroulant sa chaîne autour de son cou. D’une voix froide et implacable, il lui extorqua des informations sur la sortie, avant de l’achever sans état d’âme.

Libéré de ses entraves grâce aux clés volées sur le cadavre, il quitta la cabane, avançant prudemment vers la périphérie du cratère. Il y découvrit un passage dissimulé sous des lianes tombantes et s’y engouffra.

Au bout du tunnel, il déboucha sur un carrefour souterrain, faiblement éclairé par des lampes à huile. Une seule personne était assise à une table, lui tournant le dos. Sans perdre une seconde, il saisit l’une des lampes et la jeta sur l’inconnu avant de se précipiter vers une échelle au centre de la pièce.


Dans le camp de Ro’shy, l’heure était à l’expérimentation. Il analysait avec curiosité les lianes mutantes, testant leurs réactions et leurs propriétés. Il tenta de creuser un puits en utilisant la magie de la terre, mais le trou, trop peu profond, ne révéla qu’un sol aride et désespérément sec.

Grabu poursuivait son entraînement avec une discipline acharnée, alternant entre endurance et invocations à Mayila. Lorsqu’il sortit se promener, il croisa Ida, et tous deux décidèrent de retrouver Ro’shy dans sa maison en périphérie du camp. Ils s’y attardèrent autour d’un thé que Ro’shy enrichit d’une pâte issue des lianes mutantes. Le breuvage, étrange et apaisant, sembla renforcer leur esprit, dissipant le poids de la fatigue et des inquiétudes.

Plus tard, Grabu usa de son talent d’archimage pour achever le puits inachevé, offrant enfin au camp un véritable point d’eau.

La nuit tombée, alors que Spike coordonnait l’arrivée des ouvriers pour la rénovation, Ro’shy poursuivait des expériences plus personnelles. Il donna des aphrodisiaques à un cheval et une jument, observa leurs réactions, puis, dans un élan quasi mystique, il tenta d’intégrer les lianes mutantes à son propre corps. Offrant radiations et eau en échange, il espérait que ces plantes s’accrochent à lui, fusionnant l’homme et la nature dans une communion étrange et périlleuse.


Au sommet de l’échelle, Pash’tarrot se retrouva face à six individus dans une caverne opulente. Des tapisseries luxueuses recouvraient les parois, et des bijoux scintillaient sur les tables basses. Il tenta de les alerter d’un incendie, mais les brigands ne mordirent pas à l’hameçon.

À la place, ils l’invitèrent à leur table et lui versèrent un verre, glissant discrètement du poison à l’intérieur. Pash’tarrot, attentif, remarqua le stratagème et refusa le breuvage d’un ton acerbe.

Intrigués par son intelligence et ses talents, ils décidèrent de le mettre à l’épreuve. Sa mission ? Rejoindre des hommes postés à l’entrée de la ville et crucifier quatre captifs, histoire d’envoyer un message clair.

Sans poser de questions, Pash’tarrot exécuta la tâche avec une efficacité froide et détachée. Une fois son œuvre achevée, il fut escorté dans les profondeurs des cavernes jusqu’à un lieu encore plus somptueux. Là, dans un bain d’inspiration grecque, une femme, une Adrulen, l’attendait.

Elle lui proposa de la servir.

— Quel est ton prix ?

Sans hésitation, il répondit :

— Des soins contre les radiations.

Un sourire amusé flotta sur les lèvres de la femme.

— Marché conclu.