Bascule de Lendros

Le retour du Dôme de Lumière

Les derniers rayons du dôme de lumière s’éteignaient derrière eux tandis que le groupe fuyait à travers les plaines désertiques, leurs pas résonnant sur le sol aride. Le ciel, d’un gris profond, était strié de nuages turbulents, vestiges d’une ancienne tempête magique. Ida, jeune Élémentaire du vent, courait en tête du groupe, ses dagues effilées brillant à sa ceinture. À ses côtés, Ro-shy, le Salbek herboriste, jetait de fréquents regards anxieux autour de lui, peu habitué à la violence et espérant éviter tout conflit. Grabu, massif et impassible Élémentaire de terre, avançait avec une détermination implacable, chaque pas faisant trembler légèrement le sol sous ses pieds. Mélios, l’Élémentaire de lumière, marchait en silence, ses pensées tourmentées par des souvenirs du passé. Enfin, Amon, le Thog imposant, suivait en queue de file, prêt à intervenir en cas de danger.

Ils atteignirent enfin Gulmar, la ville des magiciens. Mais ce n’était plus la cité qu’ils avaient connue. Gulmar, autrefois majestueuse et éclatante, était désormais distordue, son architecture tourmentée par les ravages de la magie temporelle. Les tours flottantes s’élevaient dans le ciel comme des sentinelles défiant la gravité, rappelant vaguement la grande Dalaran, mais plongées dans une décadence post-apocalyptique. Des bâtiments entiers semblaient suspendus dans le temps, figés dans un état de destruction éternelle, tandis que des morceaux de la ville apparaissaient et disparaissaient dans des boucles temporelles erratiques.

Le groupe pénétra au cœur de la ville, là où se dressait un immense temple dédié à Voln, le dieu du Temps. Partout autour d’eux, des fidèles se prosternaient en silence, leurs prières s’élevant dans l’air lourd, presque palpable. Ro-shy, malgré son aversion pour la violence et la confrontation, ressentit une étrange attraction vers cette divinité. Il s’agenouilla timidement parmi les fidèles, et dans un murmure hésitant, il adressa une prière à Voln.

À sa grande surprise, le dieu répondit.

Le ciel s’obscurcit soudain, les nuages tourbillonnant violemment au-dessus du temple, et une fissure apparut dans l’air, déchirant la réalité comme un tissu trop tendu. Un portail s’ouvrit devant eux, baigné d’une lueur dorée. De l’autre côté, Ro-shy aperçut les contours familiers de Lendros, leur ville d’origine. « Nous devons partir, » murmura Ro-shy, la voix tremblante.

Sans plus attendre, le groupe franchit le portail, laissant derrière eux Gulmar et son atmosphère oppressante, pour se retrouver dans les rues familières mais étrangement transformées de Lendros.

Le grand retour

Lorsque la lumière aveuglante du portail se dissipa, les cinq compagnons émergèrent dans une Lendros méconnaissable. Les rues baignaient dans une clarté nouvelle, presque artificielle, qui contrastait avec le souvenir d’une ville autrefois plongée dans l’ombre d’une crise énergétique profonde. Là où régnait jadis une tension palpable à cause du couvre-feu électrique, une énergie invisible circulait désormais librement, inondant chaque recoin de la cité.

Leurs pas les menèrent jusqu’à la place centrale, où une statue colossale de Voln se dressait, imposante et magnétique. Le dieu du Temps était sculpté avec une précision glaciale, son regard de pierre scrutant chaque mouvement des habitants. Autour d’eux, les citoyens de Lendros vaquaient à leurs occupations, leurs visages étrangement paisibles, presque apaisés, comme si les tourments de la crise énergétique n’avaient jamais existé. Mais ce n’était pas la paix des retrouvailles, non. C’était la tranquillité d’une population qui avait fait un choix radical.

Grabu s’arrêta un instant, fronçant les sourcils. « Quelque chose ne tourne pas rond… » murmura-t-il. Autour d’eux, la ville semblait prospérer. Pourtant, l’aura pesante de la dévotion, ancrée dans chaque pierre, pesait lourd dans l’air. La statue de Voln n’était pas qu’une décoration, elle symbolisait l’autorité nouvelle qui régnait ici.

Alors qu’ils avançaient, leurs regards se tournaient vers les bâtiments des paladins et des mages, autrefois symboles de pouvoir et d’indépendance. Aujourd’hui, ces lieux avaient été redéfinis. Des bannières aux couleurs de Voln pendaient des façades, proclamant ouvertement une nouvelle ère de vénération. Un malaise s’installa parmi le groupe, une conscience subtile que la ville n’avait pas simplement changé sur un plan matériel. Elle avait été transformée spirituellement, et ce changement n’était pas sans raison.

C’est à cet instant que Ketra, l’ancienne cheffe des mages, apparut dans la brume du crépuscule. Son visage, ridé par les années, portait les marques de la transition, de l’acceptation d’une force nouvelle. Elle ne prit pas la parole, mais ses yeux en disaient long sur les décisions qui avaient été prises en leur absence. Ils comprirent sans qu’elle n’eût besoin d’expliquer : Voln avait fait une proposition à la ville. Une énergie perpétuelle contre leur dévotion. Ceux qui acceptaient la nouvelle autorité restaient et prospéraient. Les autres, les dissidents, avaient quitté la ville, laissant Lendros en paix sous la gouvernance de Voln.

En traversant les rues, Ro-shy observa les habitants. Plus de misère, plus de conflits ouverts, et surtout plus de gangs violents comme ils en avaient autrefois l’habitude. Les factions agressives avaient disparu, remplacées par des citoyens qui, bien que dociles, vivaient une existence stable. Ce n’était pas la vision de la ville qu’ils avaient laissée derrière eux.

Arrivés aux anciens quartiers généraux des paladins, Grabu se fit un devoir de faire son rapport à Harold, l’ancien chef de l’ordre. Il détailla leurs péripéties au Dôme de Lumière, les dangers rencontrés, mais surtout les changements qui les attendaient maintenant à Lendros. Harold, un homme autrefois inflexible, écouta en silence. Il ne montra ni surprise ni choc, comme s’il avait déjà accepté cette nouvelle réalité. Il se contenta d’acquiescer, et lorsqu’il prit la parole, sa voix était empreinte de gravité : « Nous avons fait ce qu’il fallait pour sauver la ville. »

Mélios, quant à lui, ne put supporter davantage cette atmosphère de résignation. Après tout, c’était ici, dans cette ville, que l’on vénérait son père Dennis, ancien dieu de lumière. Bouillonnant de rage intérieure, il quitta ses compagnons et se dirigea vers l’ancien temple de son père.

Mais ce qu’il y découvrit n’était plus un lieu de recueillement en l’honneur de Dennis. Le temple tout entier avait été redécoré aux couleurs de Voln, et les fidèles, qui autrefois priaient pour Dennis, s’étaient inclinés devant une nouvelle divinité. La vue de ces bannières, de ces prières adressées à celui qui avait usurpé la place de son père, fut insupportable pour Mélios. Le sang lui monta à la tête, et une rage aveugle le submergea.

D’un geste fluide, il dégaina son arme et s’élança dans le temple. Sa colère se transforma en violence pure, chaque coup porté avec la force d’un homme déchiré par la trahison. Les fidèles, sans défense face à cette furie soudaine, tombaient les uns après les autres, leurs cris noyés dans le vacarme du massacre. Le sol sacré se gorgeait de sang.

Cependant, Mélios ignorait qu’en s’attaquant à ces croyants, il attirait l’attention du dieu qu’ils vénéraient. Voln, omniprésent dans la ville qu’il avait façonnée, ressentit le trouble dans ses rangs. En un éclair, il apparut dans le sanctuaire, émergeant des ombres avec une grâce terrible. Sans un mot, il s’approcha de Mélios, et d’un geste aussi rapide que précis, planta une dague dans son dos. Le coup fut foudroyant, coupant net l’accès de Mélios à sa magie.

Le jeune élémentaire tenta de se défendre, mais Voln ne lui laissa aucune chance. Le duel qui suivit dans la cour extérieure fut inégal, chaque mouvement de Mélios entravé par l’influence du dieu du Temps. Voln ralentissait le moindre geste, réduisant la furie de son adversaire à une pantomime dérisoire. À bout de forces, Mélios tomba à genoux, du sang coulant de ses blessures. Dans un dernier souffle, il adressa une prière à son père disparu, Dennis, avant que la vie ne quitte son corps. Voln, impassible, se retira dans les ombres, laissant le cadavre de Mélios gisant sous les cieux de Lendros.

Les ombres de Lendros

Alors que Mélios livrait son ultime combat contre Voln, Ro-shy, Ida et Amon s’éloignaient des rues principales, traversant les quartiers plus modestes de Lendros. Leur destination était familière : la boutique de Ro-shy, un petit commerce d’herbes et de potions autrefois réputé dans les environs. Le Salbek espérait y retrouver un semblant de son ancienne vie, un ancrage dans cette ville qui semblait tout à fait transformée.

En arrivant devant la boutique, Ro-shy sentit une vague de nostalgie l’envahir. La façade poussiéreuse et la porte de bois usée étaient restées inchangées, mais un détail perturba immédiatement le Salbek. Un large cadenas d’acier verrouillait l’entrée, signe évident que la boutique était fermée depuis des semaines. Ro-shy tâta nerveusement ses poches à la recherche de la clé, mais en vain. « Elle est restée… là-bas, » murmura-t-il, pensant au dôme de lumière, à leur périple, et aux événements qui les avaient déviés de leur chemin initial.

Ida s’approcha de lui, posant doucement une main sur son épaule. « On va trouver une solution, » dit-elle dans un souffle apaisant. Mais Ro-shy restait tendu. C’était plus qu’une simple porte fermée. C’était une rupture avec un passé qui semblait maintenant irréversible.

Déterminé à retrouver l’accès à son commerce, Ro-shy fit le tour du quartier, cherchant à emprunter ou voler un outil qui pourrait leur permettre de briser le cadenas. Le quartier, bien que paisible, portait les stigmates d’une ville qui avait connu l’abandon d’une partie de sa population. Quelques fenêtres étaient barricadées, et des portes autrefois grandes ouvertes semblaient scellées. Les rares habitants qu’ils croisèrent étaient étrangement discrets, évitant les regards et les questions du groupe.

Pendant ce temps, Ida et Amon restèrent à proximité de la boutique. Ils attendaient dans le silence lourd de la rue déserte, mais une tension sourde commençait à s’installer. Ida avait toujours été sensible aux énergies qui l’entouraient, et quelque chose d’insidieux flottait dans l’air. Elle glissa machinalement une main dans la poche de son manteau, où se trouvait une gemme rouge éclatante, le dernier vestige d’Adzert, ancien compagnon de Dennis.

La gemme était calme jusqu’à ce moment précis. Mais soudain, une chaleur intense émana de la pierre, surprenant Ida. La gemme, autrefois froide et stable, se mit à rougeoyer d’une lueur inquiétante, à tel point qu’elle brûlait la poche d’Ida. Paniquée, elle tenta de la retirer de son manteau, mais la gemme glissa de ses doigts et tomba lourdement sur le pavé.

« Qu’est-ce que… ? » Ida se recula brusquement, observant la pierre devenir de plus en plus ardente.

Amon, voyant la scène, réagit avec la rapidité qu’on lui connaissait. D’un geste instinctif, il se pencha pour ramasser la gemme incandescente. Bien que sa peau rugueuse de Thog le protégeait partiellement de la chaleur, il ressentit tout de même une brûlure intense qui se propageait dans sa paume. Mais ce n’était pas la chaleur qui l’inquiétait le plus. Au moment où il serra la gemme dans son poing, une force obscure s’insinua dans son esprit.

Adzert. Le nom résonnait dans son crâne comme un écho lointain et oppressant. La gemme, imprégnée de l’essence d’Adzert, l’ancien allié de Dennis, semblait soudain prendre vie. Une voix profonde, empreinte de malignité, s’immisça dans son esprit. Chaque pensée, chaque souvenir d’Amon se retrouva comme enveloppé par une ombre tenace, une volonté étrangère qui cherchait à prendre le contrôle.

« Amon… lâche-la ! » s’écria Ida, réalisant l’horreur qui se jouait devant elle.

Mais c’était trop tard. Le regard d’Amon devint vide, comme absorbé dans un autre plan. Ses yeux se voilèrent d’une teinte rouge sang, et dans un geste mécanique, il porta la gemme brûlante à son front. L’objet incandescent semblait fusionner avec sa peau, pénétrant profondément dans son crâne. Un cri guttural s’échappa de la gorge du Thog, un cri qui résonna dans la ruelle, faisant fuir les quelques oiseaux perchés sur les toits.

Lorsque la gemme s’enfonça entièrement dans sa chair, Amon se redressa lentement. Mais ce n’était plus vraiment lui. Son corps était là, immense et menaçant, mais son esprit… son esprit était désormais partagé avec Adzert. L’essence de l’ancien dieu s’était installée, et même si Amon conservait une part de lui-même, une nouvelle force malveillante régnait en maître dans ses pensées.

Ro-shy revint juste à cet instant, portant un pied-de-biche trouvé dans une vieille remise. Il remarqua immédiatement le changement d’attitude d’Amon, et un frisson lui parcourut l’échine.

« Qu’est-ce qui s’est passé ici ? » demanda-t-il, la voix tremblante.

Les cendres du passé

L’atmosphère était lourde lorsque Ro-shy, Ida et Amon pénétrèrent dans l’ancienne boutique du Salbek. Les étagères étaient recouvertes d’une fine couche de poussière, vestiges de semaines d’abandon. Chaque pas soulevait un nuage grisâtre qui dansait dans les rares rayons de lumière filtrant à travers les volets clos. Ce lieu, autrefois chaleureux et empreint des parfums d’herbes séchées et de potions mystérieuses, était désormais une coquille vide. Ro-shy soupira en refermant doucement la porte derrière eux.

Amon, visiblement mal à l’aise, gardait le silence, le visage crispé. L’événement de la ruelle, cette force sombre qui s’était emparée de lui, pesait encore sur ses épaules. Le Thog s’efforçait de ne pas penser à ce qui s’était passé, à cette perte de contrôle qui avait non seulement compromis son esprit, mais aussi son corps. La honte le rongeait. Sentant le besoin urgent de se ressaisir, il demanda à Ro-shy où se trouvait la salle d’eau.

« Par là, » répondit Ro-shy en désignant une porte au fond de la pièce.

Sans un mot de plus, Amon s’y engouffra. Le son de l’eau qui coule résonna rapidement dans l’arrière-boutique, une douche rapide pour effacer les traces visibles de son désarroi, mais certainement pas celles ancrées dans son esprit.

Ida, pendant ce temps, s’occupait à ouvrir les fenêtres, laissant entrer un peu d’air frais dans la boutique étouffante. Ro-shy, lui, parcourait lentement les lieux, caressant du bout des doigts les fioles couvertes de poussière, retrouvant ici et là des souvenirs de son ancienne vie.

Pendant qu’Amon se lavait et que Ro-shy et Ida redécouvraient ce qui restait de la boutique, Spike, le mercenaire cyborg, observait la scène d’un tout autre endroit. Il se tenait à proximité du temple, dissimulé dans les ombres, ses yeux cybernétiques scrutant la foule. Il avait assisté à la mort de Mélios, cet Élémentaire de la lumière, avec un détachement glacial. Spike n’était pas du genre à s’émouvoir de la mort d’un homme, surtout dans un monde aussi brutal. Les Élémentaires n’étaient pour lui que des pions dans le grand jeu qui se jouait à Lendros.

À ses côtés se trouvait Graff, un autre cyborg aux opinions tranchées. Spike écoutait distraitement son discours sur l’installation d’un réseau de caméras dans la ville. Graff prêchait l’importance d’une surveillance accrue pour maintenir l’ordre, éradiquer la violence, et rétablir la loi. Spike, bien qu’ayant un mépris à peine voilé pour la politique, appréciait cependant les avantages d’un système de contrôle, surtout s’il pouvait en tirer profit pour ses propres ambitions.

Graff poursuivit : « Imagine un réseau de caméras couvrant toute la ville, Spike. Plus personne ne pourrait bouger sans qu’on le sache. C’est comme ça qu’on rétablit l’ordre dans un monde comme celui-ci. »

Spike hocha la tête, mais son esprit était ailleurs. Sa véritable obsession était bien plus intime : se créer une compagne robotique, un être à son image, mais parfait à ses yeux. Pour cela, il lui fallait des ressources, et il savait que ce projet nécessiterait du temps et de la discrétion.

Un peu plus tard, Ro-shy, Ida et Amon rejoignirent Grabu au temple. Le colosse Élémentaire de terre se tenait près du corps de Mélios, offrant un dernier hommage à son compagnon tombé. Ensemble, dans un silence solennel, ils portèrent le corps vers les sous-sols du temple, là où reposait Dennis, le père spirituel de Mélios.

Le couvercle de la tombe de Dennis, une imposante dalle de pierre, semblait immuable. Grabu, d’un geste de main empreint de magie, lança un sort pour alléger son poids. La pierre s’éleva légèrement dans les airs, permettant au groupe de glisser doucement le corps de Mélios à l’intérieur. Une fois cela fait, ils refermèrent la tombe, scellant ainsi Mélios auprès de son père.

Les adieux furent brefs. Chacun ressentait la perte à sa manière, mais il n’y avait plus rien à dire. Grabu murmura une prière silencieuse à sa déesse, Mayila, avant de s’éloigner pour errer dans la ville, cherchant réconfort dans l’entraînement physique et la méditation. Ro-shy, quant à lui, retourna à son quartier, renouant peu à peu avec ses anciens voisins, reconstruisant un réseau de connaissances, des liens précieux dans une ville qu’il redécouvrait.

Ida resta à la boutique, déblayant les débris du passé, effaçant la poussière pour redonner vie à ce lieu abandonné. Elle nettoyait méticuleusement, trouvant dans cette tâche simple une échappatoire à la violence et au chaos qui les entouraient.

Amon, cependant, n’était plus le même. Bien qu’il ait nettoyé le massacre du temple, son esprit était toujours en proie aux murmures d’Adzert. Ce dernier ne cessait de chuchoter, le pressant de céder à ses sombres désirs. Le Thog, troublé et sans réponse, se dirigeait finalement vers la tombe de Dennis. La voix d’Adzert devint plus forte en approchant de la tombe, exigeant qu’il la fasse exploser, qu’il détruise tout ce qui rappelait ce dieu mort.

Mais Amon, malgré l’influence grandissante d’Adzert, ne savait comment s’y prendre. Il n’avait ni les moyens ni le savoir-faire pour accomplir cette tâche. Résolu à trouver une solution, il se mit à chercher un moyen de gagner des capsules en ville, de quoi acheter des explosifs.

Ses pas le menèrent à un bâtiment étrange, à l’écart du centre de Lendros. Une enseigne délabrée flottait au-dessus de l’entrée, indiquant un lieu où des tests expérimentaux étaient menés. Amon entra, accueilli par un petit humain à bonnet, au sourire chaleureux et légèrement malaisant.

« Salut, mon grand ! Tu cherches du travail ? » lança l’homme d’une voix enjouée.

Amon hocha la tête sans un mot.

« Bien ! On cherche des gens comme toi pour tester quelques… substances. T’inquiète, on respecte le consentement ici. C’est bien payé, et t’auras même droit à des bonus si tu tiens bien le coup. Intéressé ? »

Le Thog réfléchit rapidement. C’était peut-être une opportunité. S’il réussissait ces tests, il pourrait se faire assez de capsules pour se procurer les explosifs dont il avait besoin. Il accepta, signant ainsi un contrat d’un genre bien particulier.

Pendant ce temps, Spike, resté à proximité du temple, se livrait à une autre forme de collecte. Discrètement, il avait aidé à se débarrasser des corps laissés après le massacre de Mélios, jetant les cadavres par-dessus les murailles de la ville. Mais Spike n’était pas là par simple charité. Avec une précision chirurgicale, il utilisa des sorts de magie de la mort pour extraire la poudre d’os des corps. Une ressource précieuse pour ses propres expérimentations.

Une fois sa besogne terminée, il retourna à l’auberge où il louait une chambre. Là, dans l’intimité de son repaire, il se mit à travailler sur les plans d’améliorations qu’il souhaitait apporter à ses bras de cyborg. Son objectif ultime : se créer une compagne, un être mécanique qui lui obéirait et le compléterait. Mais pour cela, il lui fallait encore beaucoup plus de ressources, et Spike, comme toujours, avait des moyens pour les obtenir.

Corps fatigués et esprits tourmentés

La nuit d’Amon fut un véritable cauchemar. Assis sur le siège allongé, attaché pour éviter tout mouvement incontrôlé, il subit les effets puissants de la drogue expérimentale qu’il avait acceptée de tester. Ses muscles se contractaient douloureusement, gonflant et se crispant comme s’il avait couru un marathon sans fin. La douleur, aiguë et constante, le clouait à sa place. Il ne contrôlait plus son corps, chaque spasme le tirant un peu plus loin dans la souffrance. Heureusement pour lui, ses liens le maintenaient fermement, l’empêchant de se blesser davantage.

Quand l’aube finit par percer, la tension dans ses muscles se relâcha doucement, le laissant dans un état de fatigue extrême. Son corps entier semblait endolori, comme s’il venait de subir 48 heures d’efforts physiques intensifs. Incapable de se tenir droit sans grimacer, il récupéra néanmoins les capsules promises et chercha une auberge où il pourrait enfin se reposer.

Pendant qu’Amon vivait cette nuit d’enfer, Grabu errait dans les rues de Lendros. L’Élémentaire de terre, d’habitude si prompt à intervenir dans les conflits, resta cette fois-ci en retrait lorsqu’il tomba sur une bagarre dans un bar. Il observa la scène un instant, se demandant si Mayila, sa déesse, lui enverrait un signe, mais aucune impulsion divine ne l’encouragea à agir. Il continua son chemin, préférant se diriger vers les terres en dehors de la ville pour prier en paix.

Une fois hors des murs de Lendros, Grabu s’agenouilla devant un petit autel improvisé, se connectant à la terre sous ses pieds, cherchant la guidance et la force auprès de Mayila. Après un long moment de prière, il se releva, apaisé, et retourna à ses activités quotidiennes, alternant entre ses séances d’entraînement rigoureux et ses méditations.

Spike, de son côté, avait d’autres projets en tête. Il avait trouvé un vieux bâtiment à la réputation de lieu hanté, parfait pour ses desseins. Le bâtiment était délabré, couvert de poussière et de toiles d’araignées, mais Spike voyait en cet endroit l’opportunité d’y installer sa boutique. Pendant qu’il nettoyait méthodiquement les lieux, ses bras cybernétiques accomplissant leur tâche avec une précision froide, il remarqua une vieille Salbek qui l’observait discrètement depuis la fenêtre de la maison d’en face. Derrière son rideau, elle le fixait, une lueur de méfiance dans les yeux. Spike l’ignora, concentré sur ses plans.

Ida, quant à elle, se mit en quête d’un travail. Cherchant à se rendre utile et à s’occuper l’esprit, elle entra dans un bar où un Thog maladroit et bien intentionné lui proposa de l’aider pour le service du soir. Ida accepta avec enthousiasme, même si l’endroit était en désordre. La cuisine ressemblait davantage à un champ de bataille qu’à un lieu où l’on prépare des repas, mais elle tenta tant bien que mal de cuisiner quelque chose pour les clients.

Malgré ses efforts, la soirée fut éreintante et Ida quitta le bar après son service sans même demander son salaire. Le lendemain, lorsqu’elle revint, le Thog tenancier semblait avoir complètement oublié sa présence la veille. Pour compenser son oubli, il lui offrit deux repas préparés la veille en guise de paiement. Ida, épuisée et affamée, accepta sans poser de questions. Malheureusement pour elle, les plats étaient mal conservés et elle fut rapidement frappée par une indigestion féroce.

La douleur à l’estomac la força à se réfugier dans un premier bar pour vomir, essayant de soulager son corps épuisé. Après une courte accalmie, elle parvint à retourner à la boutique de Ro-shy. Ce dernier, voyant l’état affaibli de son amie, l’accueillit avec bienveillance. Il lui prépara une tisane médicinale apaisante pour l’hydrater et calmer ses douleurs. Ida s’allongea, épuisée, tandis que Ro-shy continuait à gérer les affaires de la boutique.

Ro-shy avait d’ailleurs passé la journée à négocier avec un forgeron pour obtenir une belle enseigne qui pourrait attirer l’attention sur son commerce. Alors qu’il terminait ses préparatifs, un groupe d’habitants de la ville fit irruption dans sa boutique. Ils expliquèrent être en train de récolter des câbles et des caméras pour installer un réseau de sécurité dans toute la ville, un projet dont Ro-shy avait déjà entendu parler, sans y prêter trop d’attention.

Peu après, Spike entra dans la boutique, toujours froid et calculateur. Il venait acheter du poison, un somnifère puissant qu’il prévoyait d’utiliser avec son pistolet à seringues. Ro-shy, habitué à la diversité de sa clientèle, ne posa pas de questions et lui fournit ce dont il avait besoin. Spike le remercia avec son habituel détachement avant de s’en aller, laissant Ro-shy reprendre soin d’Ida.

Spike, bien que froid en apparence, avait des besoins bien plus charnels en dehors de ses projets de cyborgs. C’est ainsi qu’il rencontra Everen, une autre cyborg, avec qui il partagea un repas et quelques boissons dans une taverne discrète. Leur conversation, légère au début, devint rapidement plus intime. Spike n’avait pas pour habitude de tisser des liens durables, mais Everen semblait lui convenir pour une nuit. Ils s’adonnèrent à des plaisirs charnels, Spike se délectant de chaque moment avec une précision presque calculatrice.

Le lendemain, il invita Everen à visiter son nouveau bâtiment. Cependant, Spike avait déjà décidé de son sort. Une fois sur place, il la tua sans remords, usant de sa magie de la mort pour faire disparaître son corps en poussière. Cette méthode lui permettait d’éviter toute trace et de continuer son chemin sans être inquiété.

De son côté, Amon, malgré une nuit agitée et un corps encore affaibli, se remit rapidement en quête d’explosifs. Il n’avait pas encore les fonds suffisants pour en acheter en quantité, mais il persistait, passant d’un vendeur à l’autre. Frustré, il finit par s’acheter un simple sac de couchage et quitta la ville pour dormir à l’extérieur, loin de la foule et des tensions de Lendros.

La nuit, cependant, ne fut pas paisible. Alors qu’il dormait, un serpent s’enroula autour de son corps, serrant ses muscles déjà fatigués. Incapable de réagir, Amon sentit Adzert prendre le contrôle. Sous l’influence de l’âme sombre qui cohabitait en lui, Amon défit le serpent avec une facilité déconcertante. Ce n’était pas la première fois qu’Adzert intervenait ainsi, et Amon en venait à se demander jusqu’où cette possession pourrait le mener.

Perturbé, il retourna à Lendros au matin, fatigué par cette lutte intérieure constante. Il se rendit directement chez Jimmy, le petit homme à bonnet qu’il avait rencontré précédemment, pour tester de nouvelles drogues. Peut-être y trouverait-il enfin un moyen d’apaiser son esprit troublé, ou au moins de gagner les capsules nécessaires pour poursuivre ses objectifs destructeurs.

Ombres mouvantes et tensions croissantes

Spike, toujours aussi méthodique, décida de visiter l’ancien ordre des paladins pour prospecter de nouveaux clients. Il pensait y trouver des guerriers en quête de réparations ou de modifications sur leurs équipements. Malheureusement, ses attentes furent déçues. Les paladins, bien que toujours en activité dans leur domaine, ne lui proposèrent que quelques réparations d’armes, rien de plus intéressant à ses yeux. Cependant, Spike fit une rencontre utile : un homme impliqué dans l’achat-revente, travaillant avec des récupérateurs. L’homme lui proposa de transmettre l’adresse de Spike s’il croisait des contacts intéressés par des améliorations cybernétiques.

Grabu, quant à lui, poursuivait sa routine : errance, entraînement et prière. Chaque jour, il se sentait plus en phase avec Mayila, renforçant sa connexion avec la terre et les éléments. Un jour, alors qu’il arpentait une ruelle, il tomba sur une rixe entre deux hommes saouls. D’un œil amusé, Grabu décida d’intervenir… à sa manière. Plutôt que de les séparer, il les encouragea à se donner en spectacle. Ses mots et sa stature imposante firent leur effet : au lieu de se blesser gravement, les deux hommes commencèrent à gesticuler de manière comique, transformant la bagarre en une sorte de joute ridicule. Grabu quitta la scène, satisfait de son intervention inhabituelle.

Pendant ce temps, Ro-shy arpentait les rues de Lendros dans l’espoir de rassembler des commérages et de faire parler de sa boutique. Ses tentatives, cependant, restèrent infructueuses. Chaque conversation semblait s’évaporer dans l’air, et il peinait à capter l’attention de ses interlocuteurs. Alors qu’il traversait une rue bondée, une petite personne se faufila derrière lui et tenta de lui dérober sa bourse. Ro-shy, plus vigilant qu’il n’en avait l’air, attrapa furtivement la main du voleur avant que celui-ci ne puisse s’échapper.

Le voleur, qui se présenta sous le faux nom de “Ryan”, bredouilla quelques excuses maladroites. Ro-shy, voyant dans cet acte désespéré plus d’opportunisme que de malveillance, décida de lui offrir 5 capsules en échange de son départ. Ryan accepta rapidement, ravi de ce coup de chance, et s’éclipsa.

De retour à sa boutique, Ro-shy fut interrompu par un caravanier, un homme robuste et barbu du nom de Shike. Ce dernier lui proposa d’acheter des graines rares de Neolethid ou de Cactopus, des espèces exotiques aux propriétés intéressantes. Mais le prix, fixé à 150 capsules ou plus, était bien au-dessus de ce que Ro-shy était prêt à dépenser. Après une courte négociation infructueuse, le caravanier repartit, et Ro-shy reprit son activité.

De son côté, Spike était à la recherche d’un fabricant de munitions. Il finit par en trouver un : un Salbek, d’apparence méfiante, qui semblait mal à l’aise face à cet étrange cyborg. Spike, n’étant pas du genre à s’encombrer de la patience ou des négociations, opta pour une méthode plus radicale. Il distrait le Salbek avec un tour de passe-passe avant de dégainer son pistolet à seringues et de lui tirer dans le cou. Le Salbek s’effondra, et comme à son habitude, Spike fit disparaître le corps en poussière grâce à sa magie de la mort.

Une fois débarrassé du corps, Spike fouilla méticuleusement l’atelier du fabricant. Il volait le matériel de fabrication de munitions, prenant soin de remettre chaque objet à sa place pour masquer son intrusion. Cependant, alors qu’il cherchait la clé de la porte, il jeta un coup d’œil par la fenêtre et aperçut un groupe de quatre hommes armés de fusils d’assaut approcher du bâtiment.

Sans hésiter, Spike prit l’initiative. Il tira une rafale de balles par la fenêtre, abattant trois des hommes sur le coup. Le quatrième, cependant, ne se laissa pas intimider. Il fracassa la porte d’un coup de pied, lançant une grenade à l’intérieur. Spike eut juste le temps de se jeter derrière le comptoir pour se mettre à couvert. L’explosion retentit, projetant des éclats et des débris autour de lui.

Sans attendre, Spike tira une nouvelle rafale, cette fois à l’aveugle, par-dessus le comptoir. Par un coup de chance ou grâce à son expérience dans ce genre de situations, il abattit le dernier homme. L’endroit n’était plus sûr, et Spike décida de fuir immédiatement. Il récupéra son sac plein de munitions volées et quitta l’atelier en silence.

De retour à sa boutique, Spike se fit discret pendant quelques temps, attendant que la tempête se calme. Mais son instinct de survie le poussait à rester en mouvement. Sous une lourde cape à capuche, il quitta sa boutique pour se diriger vers les portes de la ville. Cependant, quelque chose le retint. Un pressentiment peut-être, ou la crainte de se faire repérer. Finalement, il rebroussa chemin et retourna à sa taverne.

À peine quelques mètres avant d’y arriver, un groupe de plusieurs hommes armés surgit dans la rue, l’interpellant. Sans hésiter, Spike tenta de dégainer son pistolet à seringues, mais son tir manqua sa cible. Il essaya de rejoindre une rue adjacente pour se mettre à couvert mais déjà épuisé par ses précédents combats, sentit un point de côté se former. Derrière lui, les hommes tiraient sans relâche. Une balle déchira son oreille gauche, le faisant grincer des dents.

Se réfugiant derrière un mur, Spike répliqua en tirant plusieurs balles. Il resta à couvert, utilisant chaque angle de la ruelle pour se protéger, et finit par abattre ses assaillants un par un. À bout de souffle et le sang coulant le long de son visage, Spike usa de sa magie pour se renforcer. Il lança un sort d’armure d’os, une couche squelettique venant renforcer son corps cybernétique, préparé pour tout ce qui pourrait suivre.

L’ombre grandissante de Lendros

La nuit tombe sur Lendros, enveloppant la ville d’un calme trompeur. Dans une auberge obscure, Amon, en proie aux remous intérieurs qui accompagnent le manque, cherche réconfort dans les substances qui ont longtemps rythmé son existence. Après avoir acheté deux poings américains et une dague pour se sentir en sécurité, il se replie dans sa chambre, mais le repos est difficile. À l’aube, il cède de nouveau à l’appel d’une nouvelle drogue, la Pax77, en quête de capsules et de distraction.

Son désir de puissance le conduit ensuite vers un marchand de fortune, où il espère se procurer des explosifs. L’échange tourne court, mais Amon persévère et trouve finalement un autre vendeur qui accepte de lui céder deux pains de C4. Cependant, à peine les explosifs en main, il perd le contrôle de lui-même. Adzert, l’entité qui partage son corps, s’empare de son esprit, le poussant vers le tombeau de Dennis. Sans pouvoir reprendre ses esprits, Amon assiste impuissant à la scène : une explosion retentit, détruisant la tombe dans un fracas assourdissant. Bientôt, des dévots accourent, horrifiés par la profanation du lieu sacré.

Désorienté, Amon supplie Adzert de reprendre le contrôle face à l’attroupement en colère. Adzert exécute sa demande d’une manière impitoyable : avec une brutalité glaciale, il fracture un éclat du cristal enfoncé dans le crâne d’Amon et l’utilise comme arme, le plantant dans la tête de quatre malheureux qui tentaient de fuir. Le silence retombe sur la scène macabre, laissant Amon aux prises avec les ténèbres de son propre esprit.

Pendant ce temps, Spike s’éloigne de la ville, cherchant refuge loin de l’agitation de Lendros. Sur la route, il tombe sur une scène de torture sauvage : un homme est attaché à un arbre, fouetté par trois individus. Fidèle à son caractère impassible, Spike élimine froidement les tortionnaires avec son fusil de précision. Dans un étrange rituel, il invoque ensuite une dague ensanglantée pour libérer la victime, qu’il réconforte brièvement avant de reprendre sa route. Son périple le mène au village de Pakot, où il prend une chambre pour la nuit et se repose, loin des bruits de la cité.

Grabu arpente les rues animées lorsqu’il assiste à une scène choquante : un Thog se fait brutalement égorger sous ses yeux. L’agresseur prend la fuite avant qu’il ne puisse réagir. Rapidement, Grabu appelle une patrouille et tente de poursuivre l’assassin avec leur aide, mais leurs efforts s’avèrent vains. La violence se mêle désormais à la vie quotidienne de Lendros, et il demande à ses compagnons de rapporter cet acte aux autorités avant de reprendre sa route vers la boutique de Ro’shy.

Dans la petite échoppe, l’atmosphère est paisible. Ro’shy et Ida prennent leur thé matinal, savourant un rare moment de tranquillité, quand un visiteur inattendu frappe à la porte. Ida ouvre pour laisser entrer une femme à l’allure inquiétante, vêtue d’un manteau sous lequel se devine une ceinture d’explosifs. Après une courte discussion, elle les force à sortir sous la menace, scrutant la rue comme pour trouver un public pour sa déclaration. Ils croisent Grabu, et Ro’shy parvient à lui faire comprendre qu’il y a un problème. Discrètement, il les suit.

Dans la rue, une caméra de surveillance capte enfin leur image. La femme se tourne vers l’objectif, prononce quelques mots à voix basse, puis déclenche sa ceinture d’explosifs. La déflagration secoue la rue, projetant Ro’shy et Ida au sol, grièvement blessés. Grabu, affolé, se précipite à la recherche d’un médecin, et, par chance, il en trouve un dans les environs. Le médecin parvient à stabiliser leurs blessures : côtes brisées pour Ro’shy et greffe de peau pour Ida, qui est gravement brûlée sur le torse.

La nuit apporte un semblant de répit, mais le calme est de courte durée. Au matin, un bruit lourd et régulier retentit à travers la ville : un tambour sonne le rassemblement. Grabu se dirige vers la place centrale de Lendros, où la foule s’amasse en silence. Un débat s’engage : le peuple de Lendros réclame le rétablissement d’une milice forte et autoritaire, une structure militaire semblable à celle que les anciens livres de la ville décrivent, un vestige de son passé. Les visages dans l’assemblée oscillent entre espoir et crainte. L’ombre d’une autorité brutale semble se profiler à nouveau sur Lendros, et chacun comprend que l’équilibre fragile de la ville pourrait bientôt basculer définitivement.

La croisée des chemins

Le rassemblement pour la création d’une milice à Lendros se transforme en véritable cri de guerre. Grabu, galvanisé par le climat de radicalisation, harangue la foule pour soutenir ce mouvement autoritaire qui semble renaître des cendres du passé. Après ce discours enflammé, il retourne trouver Ro’shy et Ida pour les prévenir : rester en ville devient dangereux, et il est peut-être temps de songer à partir. Ro’shy lui confie les clés de sa boutique, et Grabu s’y rend pour y récupérer quelques objets de valeur. En arpentant les rues de Lendros, il assiste à l’expulsion des paladins de leur propre quartier. Une nouvelle milice, plus radicale, prend possession des lieux et impose déjà un règne de terreur. Grabu, ancien paladin, est rapidement reconnu et inclus dans leurs rangs, prêt à faire respecter les nouvelles lois de la ville, où vol signifie mutilation et meurtre la peine de mort.

Pendant ce temps, Spike se remet de ses blessures loin de Lendros, dans le hameau de Pakot. Sa matinée commence avec des soins douloureux sur ses plaies, vestiges de la violence de Lendros. Il tente de collecter des ressources pour fabriquer des munitions mais, malgré ses efforts, il peine à trouver du soufre. À l’entraînement, une mauvaise chute endommage son magnum, le rendant inutilisable. Plus tard, dans la taverne du hameau, un Salbek lui propose de lui vendre son cheval. Le lendemain matin, Spike retrouve le Salbek et, fidèle à son pragmatisme brutal, prend de vitesse son interlocuteur et le tue, prenant possession du cheval sans dépenser une capsule. Chevauchant désormais vers Lendros, Spike sent l’appel du chaos de cette ville.

Du côté de Lendros, Grabu est horrifié par la brutalité de ses nouveaux collègues miliciens, qui semblent jubiler à chaque exécution sommaire et mutilation. En fin de journée, il retrouve Ro’shy et Ida, leurs visages marqués par l’inquiétude et l’urgence de quitter cette ville devenue hostile. Le lendemain, le battement grave des tambours de Voln résonne dans toute la ville. Des acolytes de Voln viennent chez Grabu pour lui annoncer qu’il doit partir avec tous les non-croyants. La ville se vide progressivement, ceux qui ne vouent pas allégeance à Voln sont poussés à l’exil.

Rassemblés devant les portes de Lendros, une foule de réfugiés regarde avec incertitude vers l’horizon. Harold, ancien chef des paladins, organise une expédition vers la ville de Blorist, tandis qu’un groupe de ménestrels attire l’attention en parlant d’une aventure qui les mènera jusqu’à Paris. Entre mystère et promesse d’un nouveau départ, chacun choisit sa route.

Grabu, Ro’shy, et Ida optent pour Pakot et, en chemin, croisent un groupe étrange mené par Amon, portant tous un turban. Amon semble soudain reprendre conscience, et la confusion règne lorsqu’il réalise qu’il se trouve loin de la dernière auberge où il se souvenait avoir dormi. Spike, sur son nouveau cheval, rejoint bientôt le groupe. Mais le moment de réunion prend une tournure inquiétante : Amon et ses acolytes se livrent à des rituels énigmatiques en touchant le cristal rouge incrusté dans leurs crânes. Grabu, Ro’shy et Ida, déstabilisés, décident de s’éloigner et prennent finalement la route de Pakot, tuant un robot de guerre croisé en chemin avant d’atteindre le hameau.

Amon, quant à lui, continue sa route en solitaire avec ses acolytes. Le soir, ils s’enfoncent dans les profondeurs sombres d’un vieil hôpital délabré. Les couloirs de pierre, semblables à des catacombes, abritent un autel où ses compagnons commencent un rituel sacrificiel. Ce spectacle lugubre est trop pour Amon, et il se retourne contre eux dans une frénésie de violence. Le combat est brutal ; sa machette fend l’air et arrache membres et boyaux. Pourtant, un coup de dague finit par lui trancher le cou, et malgré l’adrénaline qui lui permet de continuer, ses forces l’abandonnent quand le calme retombe. S’effondrant au milieu des cadavres de ses anciens compagnons, Amon succombe finalement, son cœur cessant de battre dans le silence funeste des catacombes.